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La Giuliett’Alpes 2018

Par Laurent B.

C’est par un lundi chaud et ensoleillé qu’est donné le départ de la Giuliett’Alpes 2018, sur l’esplanade de l’Hôtel de ville du Vieux-Port, à Marseille.

En effet, comme en 1958, et pour fêter le soixantième anniversaire des trois premières places glanées par des Alfa Romeo Giulietta à la Coupe des Alpes, nous avons obtenu l’autorisation exceptionnelle de stationner dans ce lieu évocateur, avec vue sur Notre Dame de la Garde !   (Tous nos remerciements à Mme Blanchard, de la mairie de la cité phocéenne) .                                             Beaucoup de copains du club Museo Vivo Provence sont venus nous soutenir pour le début de l’aventure, et je salue ici la disponibilité et la gentillesse de son président Robert qui a même pensé à doter tous les équipages de bouteilles d’eau fraîche, ce qui, en cette période caniculaire, s’avère une idée plus que judicieuse.

Sous un concert de klaxons et accompagnées par des applaudissements très fournis, les cinq autos participantes s’élancent vers Aubagne, Gémenos, et déjà, un premier col mené tambour battant : l’Espigoulier, sur le massif de la Sainte Baume. Une vue à couper le souffle nous incite à un premier arrêt-photo. Les Spider 1600 profitent à plein poumon du paysage, les coupés se sont régalés dans l’ascension, et la berline Ti a finalement parfaitement suivi le rythme. Nous reprenons la route vers St Maximin puis, des départementales sinueuses à souhait et bordées par des champs de lavande nous amènent à Digne pour un déjeuner bien mérité à l’ombre des platanes. Les conversations vont bon train, c’est le cas de le dire, sur le trajet de la matinée : personne ne s’est perdu, mais ma vaillante Giulietta Sprint, Romy, est mise à l’index car elle ne sait faire autre chose que… « foncer » !

Pour l’excuser, je réponds bien sûr qu’« en Alfa Romeo, on arrive toujours plus tôt », et dans la bonne humeur, le groupe redémarre vers Seyne les Alpes, le col St Jean, Barcelonnette et surtout, le col de Vars, première épreuve réputée difficile pour les voitures.            Nous avons de la chance, la température est bien descendue, et les autos grimpent joyeusement vers le sommet, pour un nouvel arrêt-photo. Nos amis argentins et belges admirent un paysage jusqu’alors inconnus pour eux et semblent ravis de la découverte des Alpages, somme toute assez verdoyants en cette saison.

Bon, il est temps de redescendre vers Montdauphin avant de récupérer la route menant au col d’Izoard : très abrupt, cet itinéraire ne ménage pas les mécaniques (ni nos nerfs compte tenu d’une ribambelle de touristes bloqués à 50 km/h !), mais la récompense arrive bien avant le sommet car la vue nous propose un paysage lunaire absolument unique.                    Toutes les autos sont bien en température, il fait nuageux et la pluie finit par s’inviter, rendant les routes assurément glissantes. A la descente, l’ami Ricardo en fera les frais avec la Ti qui a l’avant désormais bien abîmé.

Les risques du métier…apparemment, tout va bien sur le plan mécanique et bien que l’échappement soit endommagé, occasionnant évidemment un bruit assourdissant, nous repartons vers Briançon et le col de Montgenèvre qui clôt la première journée, riche en émotions !     Nous nous installons à l’hôtel et après un repas pantagruélique où nous assistons à une averse carabinée sur la station de ski (pauvres Alfa…), direction le dodo !

Mardi 07 août, le soleil brille à nouveau très fort : le petit déjeuner est expédié rapidement, nous essuyons les autos, chargeons les bagages et prenons la direction de Bergame. Compte tenu du bruit à l’échappement de la Ti, nous nous arrêtons dans un garage pour améliorer les choses, perdons 1h30, pour un résultat finalement nul quelques dizaines de kilomètres plus loin.             Rien de grave, les autos sont en pleine forme et nous faisons halte à Bergame et sa ville antique que nous rejoignons grâce au funiculaire. Ambiance…mais ce n’est pas fini, direction Brescia où nous attend un hôtel qui nous réserve un repas spécial dans une salle « Ferrari » au sous-sol.                     A peine repus, nous décidons de visiter la ville à pied, et là, la magie italienne opère à nouveau : il ne manque plus que les bolides des Mille Miglia pour nous replonger dans une époque bénie où des automobiles de rêve côtoient des chefs d’œuvre architecturaux ! Un plaisir indicible pour les yeux et assurément, déjà un grand souvenir pour nous tous.

Le lendemain, mercredi 08 août, fini le tourisme et la flânerie :

les choses sérieuses commencent. Il faut hélas longer un lac de Garde très encombré, ce qui déplaît à Romy, la Giulietta Sprint s’étouffe en effet et ne veut plus redémarrer. Son réglage trop riche encrasse les bougies et « Bernardo le sorcier » finit par avoir raison de la belle qui redémarre sur les chapeaux de roues. Notre timing en prend un coup, et nous devons hélas renoncer à emprunter le téléphérique du Monte Baldo, assailli par la foule.         Le parcours s’oriente vers la montagne et après un arrêt sympathique dans un snack au milieu de nulle part, les Alfa tournent, freinent, redescendent, remontent, longent des lacs et des stations de ski à la décoration « autrichienne »avant de reprendre des plaines puis de subir la pluie et à nouveau le beau temps. Heureusement, car nous approchons d’un des endroits les plus mythiques de cette Giuliett’Alpes : le col du Stelvio ! Plein obligatoire avant l’ascension et petit briefing : en effet, il y a près de 50 épingles avant d’arriver au sommet sur la face Nord, les routes sont étroites et pas toujours en bon état, la prudence reste de mise.

Première impression et pause à mi-parcours : tout le monde est enthousiaste, même si le Spider de Bernard et Frédérique semble fatiguer un peu, sans doute un souci d’allumage.

Nos amis argentins découvrent des marmottes peu farouches au bord d’un pont : pour un peu, ils leur donneraient du chocolat pour mettre dans le papier alu, mais nous nous souvenons bien vite qu’on est en Italie…pas chez Milka ! Bref, la séance de capots ouverts touchant à sa fin, c’est la course au sommet qui reprend. Quel festival : coups de klaxons, rétrogradages avec double embrayage, montées en régime, glissades des quatre pneus, tout le monde s’en donne à cœur joie et c’est en exultant que nous garons nos bolides en épi, à 2758m d’altitude. On a vaincu le Stelvio, ce col mythique et tellement majestueux !         L’hôtel Quarto Pirovano distille une ambiance sportive et rude, de très haute montagne, mais nous sommes servis comme des rois dans la salle de cantine où le menu est unique et proposé à tous sans distinction, même si nous sommes en définitive plus gâtés que la table de touristes chinois à 5m de nous…

Après une nuit réparatrice, le jeudi 09 août s’avère une journée magnifique : temps clair, frais et très ensoleillé, quel bonheur pour nous et nos Alfa. La descente Sud du col du Stelvio nous ravit par ses paysages, ses tunnels, ses tournants, ses cascades, cette immensité, cette impression d’être au bout du monde : à connaître absolument pour ceux qui n’y sont jamais allés.

Parvenus à Bormio, nous prenons la direction du col de Gavia, spectaculaire à plus d’un titre et totalement différent entre sa montée Nord, rapidement caillouteuse et cernée par la neige au loin, et sa descente, extrêmement vertigineuse, vers une vallée à la végétation luxuriante.                  Nous lambinons derrière un camion jusqu’à l’autoroute que nous devons absolument récupérer afin de rejoindre le Val d’Aoste. Après quelques arrêts où se déroulent des changements de conducteurs et de copilotes, nous approchons de la magnifique vallée d’Aoste mais le temps se gâte sérieusement. En sortant d’un tunnel, c’est brutalement une averse qui nous accueille, et les spiders doivent stopper d’urgence afin de recapoter sous une pluie battante.

Après 10 mn d’une lutte acharnée et deux autos enfin « roulantes », bien évidemment, les gouttes cessent de nous assaillir ! C’est toujours comme ça…    La suite du programme : l’ascension du col du Grand Saint Bernard afin de rejoindre la Suisse.

Notre dream-team se sépare alors en deux groupes, et seuls les coupés effectuent le trajet prévu, les Spiders et la berline prennent sagement le tunnel. Nous adoptons un rythme de rallye tant la route est facile, agréable, avec une visibilité étonnamment parfaite car les nuages se sont dissipés :

une pensée pour la Lamborghini Miura du générique du film « L’or se barre », naturalmente, avec la musique de Quincy Jones qui résonne dans notre tête…

L’équipe se retrouve un peu avant Martigny, car Claude, un ami alfiste suisse est venu à notre rencontre avec sa Giulia 1600. Suite à un pot improvisé dans une station service, on promet de se revoir et nous repartons en direction de Chamonix où nous parvenons, après l’ascension du col de la Forclaz.          Aux Houches, l’hôtel dispose d’une piscine intérieure où chacun vient se détendre après ces 550km de routes. Déjà 4 jours de Giuliett’Alpes, la fatigue se fait sentir mais la motivation est intacte.                                  Il faut le dire et le répéter : nos Giulietta nous apportent une joie incroyable, quelle musique, quel plaisir de les mener en montagne !

En ce vendredi 10 août, le départ est donné dans une certaine humidité ambiante (mince…), nos craintes seront vite effacées par un joli soleil dès Megève puis Ugine. Le parcours est alors compliqué à retrouver car les petites routes ne sont pas vraiment bien indiquées, mais nous sommes vite récompensés par un paysage accueillant et verdoyant. En plein massif de la Chartreuse, la montée du col du Granier est très particulière, avec un bitume inégal, des lacets inattendus, le tout très à l’ombre. En arrivant au sommet, c’est le bonheur et l’excitation car on aperçoit la toute pimpante SZ blu céleste de Jean-Jacques, avec le parking du restaurant réservé pour nos Alfa.                                         Bernard se plaint encore du manque de punch du Spider 1600 mais, on décide de changer la bobine après le dessert, tout en essayant d’endiguer la crevaison du Spider rouge de Sophie et Eric.

Eh oui, il faut bien quelques imprévus…mdr

C’est à ce moment que, jour de fête oblige, je décide de copiloter la SZ de Jean-Jacques : une auto qui n’a que 150km depuis restauration totale, mais qui déjà, offre un potentiel fantastique. Freins, boite, comportement routier, et bien sûr, bialbero survitaminé, le cocktail est explosif et laisse rêveur sur le niveau de cette auto vis-à-vis de la concurrence en 1961…

Après 25km environ, Sophie se plaint de sa roue AR gauche, encore à plat malgré les soins prodigués auparavant à l’aide d’une bombe anti-crevaison. Une intervention salutaire chez le « Point S » du coin remet tout en ordre, et après avoir salué notre ami Jean-Jacques qui rentre chez lui avec son trésor de SZ, la caravane Giuliett’Alpes redémarre vers Grenoble en visant le but de la soirée : la ville de Gap.     Par sagesse, seuls les coupés passent par les cols de Menée et Grimone, avec là encore, un mano à mano épique entre la Giulietta Sprint et Molto Vivace…faudrait quand même penser aux freins, il reste une journée, quand même !        L’Hôtel des Olivades à Gap nous propose sa piscine pour nous remettre de nos émotions, avant un repas là encore délicieux et terriblement sympathique grâce au propriétaire des lieux.

Samedi 11 août : le soleil est encore au rendez-vous, nous longeons le lac de Serre-Ponçon avant de revenir sur Barcelonnette et de commencer l’ascension du col d’Allos. Ce qui est une formalité en semaine, devient le samedi un vrai cauchemar. Que de monde sur ces routes étroites où il est compliqué de se croiser, au milieu des autos avec caravanes et des camping-cars…dommage, car le paysage coupe là aussi le souffle à tout le monde, mais impossible de s’arrêter au sommet.          Nous faisons parler la poudre à la descente puis sur la départementale avant le déjeuner à St André les Alpes, pour une fois à la portion congrue…il va bien falloir commencer un régime !    Nous envisageons après le café d’éviter les gorges du Verdon, l’expérience du col d’Allos nous ayant dissuadé d’emprunter les sentiers battus.  L’itinéraire passe donc par Castellane, traverse le camp de Canjuers, puis Draguignan , Flayosc, Salernes, Sillans la Cascade et Barjols. Nos amis et partenaires de Rétro Rosso nous attendent à St Maximin pour un rafraichissement bien mérité, et nous nous séparons peu à peu avant le retour sur Marseille…

La Giuliett’Alpes a donc été une belle aventure d’environ 2500km, à rééditer en juillet 2020, avec, on l’espère, un trajet qui fera la part belle à celui de la Coupe des Alpes 1960, et qui accueillera plus de participants.

Forza Giulietta !!!

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